Résister à la redondance

Je ne me suis jamais remis en question sur ma manière d'écrire des histoires, et c'est un vrai problème. Car le métier que j'exerce oblige souvent à l'efficacité, privilégie la clarté au style, et m'impose donc de changer d'écriture selon si je suis Scribe-Fou, ou pas.

Or, tandis que je multiplie mes textes, courts ou longs, en tant que Scribe-Fou, je commence à apercevoir une redondance dans mes tournures de phrases, dans les mots que j'utilise. Ceux qui me viennent sont fréquemment les mêmes. Sur une nouvelle, j'observe le retour du même déterminant en début de phrase, la même structure de paragraphes, la même façon de chuter, le même adjectif. Ça m'a particulièrement marqué sur Le sandwich.

Certains disent écrire en automatique. Grand bien leur fasse : j'en suis incapable. Si j'écris sans discontinuer, cette redondance s'accentue, pèse sur l'histoire, dévore mes personnages.

Comment l'éviter ?

J'essaie d'être vigilant avant, pendant et après l'écriture. Lire d'autres romans, enrichir son vocabulaire, avant d'écrire. Repérer les répétitions, délaisser les mots communs lorsqu'ils manquent de précisions, et s'équiper d'un dictionnaire des synonymes, pendant le processus. Après, casser les structures de phrases communes sans briser le rythme, relire le lendemain et le surlendemain, donner à lire son texte à un regard neuf.

C'est assez excitant, parce que j'écris ces conseils sans même savoir s'ils fonctionnent sur moi. Ce sont ceux que je me donne pour me rassurer.

Systématiquement, cette redondance revient, comme une antienne - ce terme redondant, lui aussi, que j'utilise souvent dans mes textes. Où se trouve la limite entre la redondance et le style ? Aucune idée. Peut-être que la redondance, ce n'est que du style qui n'a pas encore eu le temps de mûrir avec le temps et la notoriété. Ou sûrement que la redondance, c'est ce qui sépare le bon auteur du mauvais.

Après, redondance, c'est mignon.

Rhododendron.

Nouilles udon.

Remontrance.

Rond en danse.

Redondance.